Retour en terres connues
Bolivie : souvenirs souvenirs… De passage en Bolivie, j’avais hâte de prendre des nouvelles et de retourner sur les lieux de mon projet de l’été 2002. J’ai donc passé une journée à Ururo avec Jean Marie, le président de l’association Point d’Appui, avec laquelle nous avions travaillé (www.bolivie.org).
Le projet de l’été 2002 se déroulait près du Salar de Coipasa, dans une région très désertique, dans la communauté Chipayas. C’est sans doute l’un des plus vieux peuples d’Amérique Latine, bien avant les civilisations Tiwanaku, Nazca ou Moché…avant même l’apparition du soleil dit-on dans les légendes. Ils se trouvent actuellement dans l’altiplano bolivien sur un espace inondé 8 à 10 mois sur 12 (ils ont été repoussé, au cours de leur histoire, de la région fertile du lac Titicaca vers cet endroit désertique où la vie est très difficile). Ils ne sont aujourd’hui plus que 2000, et leur culture unique en Amérique Latine (parfois presentee comme fosiles vivants d une civilisation prehispanique)est en train de se perdre…
L’association Point d’Appui s’est lancée dans un grand programme d’aide pour ce peuple, puisqu’il est actuellement menacé de disparition : la population diminue, les jeunes partent en effet vers le Chili tout proche dans l’espoir de trouver de meilleures conditions.
J’ai passé 3 semaines dans le village avec 3 autres potos dans l’objectif de lancer la première phase : la construction de 200 mètres de gabions (grosses cages métalliques qu’on remplit de pierres) et la formation des habitants à cette technique afin qu’ils poursuivent d’eux même le barrage. Cette 1ère phase devait protéger les cultures de canahua, céréale locale particulièrement bien adaptée aux conditions du coin.
Deux ans et demi après, me voilà de retour… Que c’est il passé ? Notre projet a bien servi pour l’année suivante (ils ont eu une récolte !), mais après ça a foiré….Le Rio Lauca n’ayant pas de lit, le fleuve s’est déplacé et a à nouveau inondé les Chipayas. En plus, j’ai appris que les habitants n’ont pas continué le chantier…une fois qu’on était parti, les conflits entre communautés et familles ont repris le dessus…
Bon, c’est pas grave, ça ne fait que confirmer mon opinion sur les projets de jeunes pendant un été ou quelques mois : C’est une expérience personnelle énorme, à vivre, c’est beaucoup plus instructif et formateur pour nous, mais après quant aux conséquences et retombées sur place pour les locaux, il faut rester très modeste…
Pour les dernières nouvelles, des financements de l’UE ont été obtenus, l’IRCOD va réaliser une étude et le Rio Lauca va être endigué. Bon, c’est vrai à côté de ça, 4 jeunes qui débarquent pendant 3 semaines, c’est ridicule…
Un projet d’écotourisme pour le village Chipayas est à l’étude, ce qui, dans ce cas, serait un outil important pour la sauvegarde de ce peuple. Cela permettrait ainsi de retenir les habitants sur place, dans cette région hostile, en créant une source de revenu durable basée sur leur culture.